Juchés sur un promontoire rocheux, Charlotte et son compagnon Gaston surplombent le col de la Gueulaz. La foule s’y est donné rendez-vous. Cyclistes, randonneurs, badauds en tous genres se côtoient le temps d’un moment, les premiers se délectant de l’effort accompli, les deuxièmes se préparant à l’effort à venir et les derniers restant bouche bée devant la splendeur du panorama. Lors de ses périples en vallée du Trient, Charlotte avait survolé le site d’Emosson et pu apprécier ses beautés : « Si le paradis devait exister sur cette terre, cet endroit pourrait très bien faire l’affaire ! » Son regard ne sait plus où se fixer, avec tous ces lacs au bleu azuré, ces roches en forme de meringue et de millefeuille, ces espaces de verdure à la végétation aérée.

- Gaston, j’aimerais bien encore faire un petit vol au-dessus de ce paysage, juste pour qu’on s’en mette plein les mirettes avant de retourner à la maison.

Il n’en faut pas plus pour décider Gaston à prendre son envol, avec Charlotte sur son dos. Un, deux, trois coups d’aile et voici le couple planant au-dessus du lac d’Emosson, longeant les pentes du Bel Oiseau. Le rapace aperçoit au milieu de l’eau une sorte de serpent reliant les deux rives. On lui a déjà parlé de monstres séjournant dans certains lacs et il se demande si celui-ci n’en abrite pas un. Il s’approche pour en avoir le cœur net : « Suis-je bête, ce n’est pas un serpent, mais un mur ! », se dit-il lorsque Charlotte le surprend en se laissant tomber sur la construction.

- Génial, on peut jouer au milieu de l’eau sans se mouiller. Un rêve pour une marmotte qui ne sait pas nager !
- Si j’étais toi, je ferais attention. Il fait chaud, la neige fond et le niveau d’eau va monter. Remonte sur mon dos avant qu’il ne soit trop tard.

Un, deux, trois coups d’aile et le couple reprend son envol. Juste le temps pour un photographe de prendre une photo insolite, celle d’une marmotte marchant comme par miracle sur l’eau…

Gaston et Charlotte prennent de l’altitude et atteignent bientôt le lac du Vieux-Emosson. Il paraît qu’il y a des millions et des millions d’années vivaient ici des reptiles énormes et tellement lourds qu’ils ont laissé des empreintes dans la roche, c’est du moins l’histoire que racontait Célestin le Bouquetin. « On n’est donc pas les premiers à se sentir bien dans cet endroit… »

Mais le temps avance et sonne l’heure de rentrer. Charlotte lance un dernier coup d’œil sur ce paysage en se disant que quand la nature et l’homme s’unissent pour créer, le résultat ne peut être que grandiose.

Emosson, quelle émotion !